PFAS : Ces polluants éternels qui nous entourent

laurent hergott
31 juil.
3 min de lecture

Depuis quelques années, un acronyme un peu étrange revient de plus en plus souvent dans les actualités liées à l’environnement et à la santé : PFAS. Mais que désigne-t-il exactement ? Pourquoi ces substances sont-elles qualifiées de polluants éternels ? Et surtout, en quoi représentent-elles une menace concrète pour notre santé et celle des générations futures ? Faisons le point.

Que sont les PFAS ?

Les PFAS, ou substances per- et polyfluoroalkylées, forment une vaste famille de plus de 4 000 composés chimiques créés par l’industrie à partir des années 1950. Ils sont appréciés pour leurs propriétés très spécifiques : résistance à la chaleur, effet antiadhésif, imperméabilité à l’eau et aux graisses. C’est ce qui explique leur présence dans une multitude d’objets du quotidien : poêles antiadhésives, emballages alimentaires, textiles imperméables, cosmétiques, mousses anti-incendie, etc.

Le problème ? Ces substances sont extrêmement persistantes. Elles ne se dégradent presque pas dans l’environnement et s’accumulent dans les organismes vivants, y compris dans le corps humain. D’où leur surnom alarmant : polluants éternels.

Une contamination diffuse et quasi universelle

On retrouve aujourd’hui des PFAS :

dans l’air, les sols, les eaux de surface et souterraines,
dans la chaîne alimentaire (notamment poissons, œufs, viandes),
et jusque dans notre sang, notre foie, nos reins.

Certaines études montrent que près de 99 % de la population mondiale aurait des traces de PFAS dans le sang. Les sources d’exposition sont multiples : ingestion d’aliments contaminés, consommation d’eau du robinet non filtrée, inhalation de poussières domestiques, usage quotidien de produits contenant ces substances…

Quels sont les risques pour la santé ?

La science avance rapidement sur le sujet, et les résultats sont préoccupants. Certains PFAS sont désormais classés cancérogènes (comme le PFOA), et de nombreux effets sont documentés ou suspectés :

augmentation du cholestérol,
troubles hépatiques et rénaux,
perturbations endocriniennes (hormonales),
baisse de la fertilité, troubles du développement,
effets sur le système immunitaire.

L’exposition chronique, même à très faibles doses, est jugée préoccupante, en particulier chez les enfants, les femmes enceintes et les populations déjà vulnérables.

Où en est la réglementation ?

Face à cette situation, la réglementation commence à évoluer :

Le PFOS est restreint depuis 2009.
Le PFOA est interdit depuis 2020 (sauf exceptions).
En Europe, un projet de restriction globale des PFAS est actuellement examiné dans le cadre du règlement REACH.
En Wallonie, la norme de qualité de l’eau a été renforcée : 0,1 µg/L pour 20 PFAS dans l’eau de distribution depuis 2025.
Des seuils sont également fixés dans certains aliments depuis 2023.

Mais ces avancées restent lentes par rapport à l’ampleur du problème.

Comment se protéger au quotidien ?

Il est difficile d’éviter totalement les PFAS tant ils sont répandus. Toutefois, des gestes simples permettent de limiter son exposition :

Privilégier les ustensiles de cuisine sans revêtement antiadhésif (inox, fonte, céramique).
Limiter les emballages alimentaires gras (fast-food, micro-ondes).
Choisir des cosmétiques "sans PFAS", en lisant bien les étiquettes.
Filtrer l’eau du robinet si besoin (charbon actif, osmose inverse).
Aérer régulièrement son logement, dépoussiérer, éviter les tapis traités anti-taches.

Un enjeu collectif de santé publique

Les PFAS posent la question plus large de notre rapport aux substances chimiques. Pendant des décennies, leur usage s’est développé sans véritable évaluation de leur impact à long terme. Aujourd’hui, nous en payons le prix.

Face à cette pollution invisible mais bien réelle, nous avons tous un rôle à jouer :

en tant que citoyens informés, pour faire évoluer les choix de consommation,
en tant que parents ou professionnels, pour protéger les plus vulnérables,
en tant que collectivités, pour exiger plus de transparence et renforcer la réglementation.